Wittgenstein et le Cercle de Vienne, dont nous proposons la première traduction française intégrale, est un texte aussi célèbre que méconnu, établi par Brian McGuinness. Il comporte les notes prises par Friedrich Waismann à la suite des conversations qui réunirent Wittgenstein, Schlick et Waismann entre décembre 1929 et juillet 1932, suivies de deux appendices qui sont de la plume de Waismann lui-même. Dans le premier, celui-ci s'efforce d'exposer les idées de Wittgenstein sur les mathématiques (en 1929-1930), dans le second (Thèses, 1930), il propose une exégèse du Tractatus d'où se dégagent clairement les principes de la lecture positiviste de ce texte.
L'intérêt de Wittgenstein et le Cercle de Vienne est multiple. Face aux questions et objections de Schlick, Wittgenstein est fréquemment contraint de préciser et d'affiner sa pensée, qui connaît alors, comme l'on sait, une mutation profonde. Au fil de la discussion, on peut donc apprécier l'ampleur de la critique du Tractatus, qui va se radicalisant ; mais on voit également se mettre peu à peu en place les points névralgiques de ce qui deviendra bientôt la seconde philosophie.
De plus, si Wittgenstein soutient ici, à l'instar des positivistes, une sorte de "vérificationisme" (amendé par un distinction de l'être et de l'apparence), on ne saurait trop vite conclure à une proximité réelle. En effet, très souvent, dans le jeu des questions et réponses (cf. par exemple les débats sur le système des couleurs), le débat s'avère n'être qu'un dialogue de sourds.